L'insulte faite à Camus

Tout semble dit.
Ce qui ne convient pas, c'est la commémoration au lieu de la remémoration. Nous lisions Camus "en temps réel" sous l'impulsion de nos bons maîtres.
Camus aura récemment disparu en France des manuels de philosophie en classes terminales : c'est tristement symptomatique, mais c'est peut-être tant mieux. Cela le démarque de la pensée fourre-tout aujourd'hui promue. S'il reparaît, c'est à la faveur de ces anniversaires dont ce pays est friand. Enterrement de première classe. 
La pire insulte qui puisse NOUS être faite, c'est d'avoir eu seulement l'idée de panthéoniser une pensée formatrice, au nom d'intérêts supérieurs. C'est ce qui s'appelle user de la mémoire. Qui plus grave, ce que disait Camus est à l'inverse de la politique menée aujourd'hui dans ce pays, et son langage de vérité à l'opposé du langage inverti maniée sans scrupules par une bande de tristes drilles de pouvoir.
Il est à craindre que l'intention était que Camus rejoigne le cortège de noms salis, comme le furent Jaurès ou Guy Moquet. L'insulte faite à Camus, c'est une insulte que le pouvoir se fait à lui-même, qui se déconsidère par ces besognes.