Morts utiles

Actu. Philippe Séguin mort est décidément bien plus utile que vivant : occasion de pleurer un proche ami de tous, de célébrer dignement le dualisme de la pensée politique française et son apparente modération. Chacun de sauter sans retenue sur l'occasion, la gauche gâteuse pour louer une droite un peu sociale, la droite sectaire pour se féliciter de l'esprit d'unanimité ici symbolisé, l'ultra-droite au pouvoir pour se refaire une virginité républicaine. Ce qui est frappant en tous cas, c'est à quel point la capacité du personnage - bête de scène - tient lieu de charisme idéologique. Au bout du cortège funèbre : le vide.

Pendant ce temps, Karl Zéro - un des intelligents français recycleurs d'analyse astucieuse - fait semblant d'esprit caustique sinon critique, tout en assurant l'apologie et la promotion morale du président actuel, "un homme normal"… Fous du roi, grassement placés, un coup à droite, un coup à gauche. Ceux-là sont bien vivants. La machine fonctionne.